PRESENTATION DE « LA VILLE NOUVELLE » D'OWANDO
OWANDO, capitale de la région de la Cuvette, fête le 47ème
anniversaire de l'indépendance du Congo
La ville d'Owando, chef lieu du département de la Cuvette, située au c½ur de ce département à 550 km de Brazzaville, a abrité le 15 Août 2007, les festivités marquant le 47e anniversaire de l'indépendance du Congo. Les 5000 participants et les 1000 invités de marque à cette grand'messe sont venus des onze départements du pays et de l'étranger.
Historique d'Owando : Cette ville fut fondée par le colonisateur français dans les années 1899 et s'appelait alors Fort Rousset jusqu'en 1975. Chef-lieu de la Likouala Mossaka durant l'ère coloniale, elle borde la rivière « le Kouyou », l'un des principaux affluents du fleuve Congo, qui constitue pour elle une source de ravitaillement en eau et de la navigation fluviale. En effet, c'est à cause du manque d'eau que le colonisateur à découvert Owando, un petit village de onze personnes à l'époque, et y a installé le premier poste administratif. Les versions quant à la création de « Fort-Rousset » diffèrent tellement que, personnellement, je retiendrai celle de l'historien Congolo-Kouyou, le professeur Abraham Constant NDINGA MBO, professeur titulaire des universités, coordonateur de la formation doctorale « Histoire et civilisations africaines » à la faculté des Lettres et des sciences Humaines de l'Université Marien Ngouabi à Brazzaville au Congo qui écrit : « ...le 19 juillet 1903 à 2 heures du matin, Bobichon l'admnistrateur colonial partit de de la factorerie de Linengué à la tête de soixante dix miliciens, pensant surprendre les koyos – entendez kouyous – de Kanguini. Pour montrer néanmoins aux populations sa ferme volonté de ne plus tolérer aucune exaction, Bobichon décida de fonder en plein centre de Kanguini un poste de surveillance qui reçut le nom de Rousset, en souvenir de l'administrateur Alexis Rousset, mort en 1903 au Cap Lopez au Gabon des suites d'une broncho-pneumonie. Son aspect militaitaire lui fit prendre le nom de Fort dès 1904 ». Alors que selon d'autres sources moins scientifiques, le préfixe « fort » était attribué dans ce temps à chaque village qui sortait vainqueur d'une guerre. Par contre, le nom "Rousset" est celui du frère du premier administrateur d'Owando, tué lors d'une guerre civile au sud du Congo. Afin d'honorer la mémoire de son défunt frère, ce dernier nomma Owando "Fort-Rousset" ».
Owando qui, au début, joua le rôle de centre de groupement des populations des villages environnants pour servir de main-d'½uvre aux travaux de construction des bâtiments et des routes à l'arrivée de l'administrateur Tillaut en 1936, compte environ 30 000 habitants avec une population composée des groupes ethniques Kouyou, Mbochi, Makoua, Mbeti et Téké, répartis dans les huit quartiers, Kindodzoho, Yengo, Ikoumou, Oloho, Okouma, Linengué, Kanguini et Akiendza aujourdhui appelé quartier Mozart. Son climat est de type guinéen forestier, caractérisé par une courte saison sèche de deux à trois mois. C'est une zone d'abondance de pluies, dont les précipitations atteignent parfois une moyenne de 1754 mm. La température minimale est de 25° C.
ECONOMIE : Du point de vue économique, nonobstant ses multiples potentialités telle la palmeraie de Linengué située à l'entrée de la ville, qui fournissait l'huile de palme avant d'être fermée, ce district ne présente aucune activité économique de grande envergure. L'activité commerciale quant à elle, est tenue dans son ensemble, à 78% par des étrangers comme dans tout centre urbain congolais. Avec la récente découverte par TOTAL des nappes pétrolières, la ville avec ses nouvelles infrastructures, va devenir dans les prochaines années, un grand centre d'intérêts pour les industriels de par le monde.
LA BOISSON TCHAM-TCHAM appeléé communément le tcham en milieu kouyou, cette boisson est une richesse pour le terroir Kouyou. Aphrodisiaque réputé en milieu kouyou, elle est extraite du palmier raphia appelé Iboughou en langues kouyou et Mbochi. Ses bougeons se consomment comme tout légume, après une courte caléfaction. L'extraction et la vente de cette boisson sont l'activité commerciale principale de la localité. En dépit du fait que les méthodes d'exploitation auxquelles sont confrontés ses producteurs restent archaïques de par les énormes difficultés qui entravent son développement, cette boisson enivrante a longtemps été considérée comme le nectar des chefs notables.
Interdit aux enfants, le tcham est aujourd'hui consommé dans tout le pays et plus de 600 bidons de 25 litres sont transportés chaque jour vers les grandes villes. Son importance se mesure également par sa rareté et la complexité de sa production. Comme la noix de Kola, il joue un rôle dans les rapports sociaux et accompagne les grandes cérémonies, les contrats sociaux, notamment la dot et les mariages. Ce breuvage, qui conserve le respect des valeurs coutumières lors des cérémonies rituelles, permet aux jeunes dés½uvrés de la localité de lutter contre le chômage. Les femmes étaient seules, habilitées pour son transport. Elles le portaient sur le dos, dans de grosses calebasses. De nos jours, son transport s'effectue à vélo.
Au nombre des activités économiques de la ville de la région particulièrement celles de la ville d'Owando, notons également la fabrique du manioc l'aliment principal, et la chasse qui fournit quelques mets locaux telle que la chair du crocodile, appelée ngoki en langues congolaises, et la viande fraîche.
Les atouts de la municipalisation accélérée dans la Cuvette à Owando : Affirmant ainsi les chances de son développement, Owando qui est un grand centre administratif dont les activités se trouvent concentrées autour des services de la préfecture et de quelques directions départementales, évoque aujourd'hui diverses images fascinantes aux yeux du visiteur lambda. Cette ville doit aujourd'hui son développement à la municipalisation accélérée, ce programme de société si cher au chef de l'Etat Denis Sassou Nguesso, qui a favorisé sa reconstruction. Quelques-unes de ses routes ainsi que les infrastructures ont été construites et réhabilitées, notamment la route Obouya-Owando; l'avenue Marien Ngouabi longue de 4 km; le pont sur la rivière Mvouma; le marché central de type moderne. Long de 82 m et large de 43 m, ce marché, premier carrefour commercial des villages environnants, s'articule autour d'un étage occupé par des boutiques de vêtements et les objets de luxe. Le rez-de chaussée est réservé aux échoppes des vendeurs de poissons, viande et autres épices.
L'aéroport international d'Indanga, complètement réaménagé, reliera désormais Owando au monde entier, et aux autres villes du pays. Le boulevard central, long de 550 m et large de 20 m, l'hôtel « Le Kouyou » et les nombreux hôtels de particuliers, sont une preuve de la transformation de la ville dans la modernité. Dans le cadre de la rénovation et de la réalisation des immeubles du district, de nombreux chantiers sont en cours de finition. On note entre autres, la réalisation de l'avenue des Hôpitaux toute parallèle au boulevard central, la caserne militaire de Linengué avec une capacité de logement de 120 militaires, la direction départementale de la gendarmerie, la résidence du préfet, le stade Marien Ngouabi, les route Owando-Ossangou-Manga et Owando-Makoua, et des constructions privées qui se font çà et là.
L'année 2007 aura marqué une avancée significative pour la région de la Cuvette. Ainsi, avec l'exécution de la municipalisation lancée dans ce département, Owando pourra s'enorgueillir de son parc hôtelier qui a une gamme d'hôtels allant de la plus petite catégorie au grand standing touristique, sans oublier d'autres lieux d'accueil qui ne cessent de renforcer la capacité d'accueil de la ville en hébergement.
Le Folklore à Owando : Dans cette localité, le folklore s'exprime par des danses traditionnelles comme Edenda, Odomba, Amè, Lato, Ezito, Okwakassa, Epapanga, Atilet, Dans le... et bien d'autres qui animent les nuits chaudes et endiablées des quartiers populaires. Mais, Ekongo est la danse kouyoue qui reste la plus impressionnante de toutes. Elle demeure de loin l'exhibition la plus fascinante des danses traditionnelles parce que danse de combat. Elle préparait jadis à l'attaque de l'ennemi.
Le tourisme vit aussi à Owando : Du point de vue touristique, la ville dispose d'endroits susceptibles d'attirer le regard du visiteur. Le musée de la Cuvette qui faisait la fierté de la région après celui du Pool, a été malheureusement dévasté lors des événements socio-politiques qui ont secoué le pays. La bibliothèque de l'association Marien Ngouabi du président Roger Ndengué de Lille en France, située dans l'enceinte de la cabane laissée par Marien Ngouabi lui-même entre temps délocalisée ; le musée de collection des statuettes traditionnelles et des ½uvres d'art et d'artisanat qui se situent à la direction départementale de la culture; la mission évangélique de Mbembé, fondée en 1948(la première mission évangélique implantée dans la zone septentrionale); le camp des Matsouanistes (groupement des adeptes messianiques, déportés de la région du Pool et dispersés dans toute la République dans le but d'empêcher l'expansion d'un mouvement à tendance intégriste)etc... Situé derrière celui de la gendarmerie ce camp fut érigé en 1958 ; la cathédrale Saint-Firmin(construite en 1959 et dont la messe inaugurale fut célébrée le 24 décembre 1959).
Parmi ces sites touristiques, on note aussi le pont sur le Kouyou avec son port de pirogues en provenance de Mossaka et des villages environnants qui sert de tremplin entre Owando et l'extrême-nord ; l'hôpital du 31 Juillet 1968(fruit de la coopération sino-congolaise, inauguré le 31 juillet 1975 par le président Marien Ngouabi ) ; l'école normale des instituteurs ; le lycée technique ; et le site touristique Mombo Beach, l'un des joyaux du Congo, qui forme un cadre exceptionnel au bord de la rivière le Kouyou, à 2 km de la ville d'Owando. Dans cette localité, les langues les plus parlées sont le kouyou, le lingala et le français pour l'administration. Le vélo était dans cette localité, le seul moyen de transport avant le 47ème anniversaire de l'indépendance en aout 2007.
Owando 2007 : la fabuleuse fête de l'indépendance
Comme on pouvait s'y attendre, Owando 2007 a tenu toutes ses promesses ! Les cérémonies marquant le 47ème anniversaire de l'indépendance de la République du Congo ont été ici, dignes des plus grands rendez-vous de l'Histoire d'une nation.
Le chef-lieu du département de la Cuvette s'était orné de ses plus belles parures pour accueillir du 13 au 15 août, neuf chefs d'Etat africains et non des moindres, puisque parmi eux se trouvait le président de l'Union Africaine. Owando peut donc se targuer d'avoir marqué d'une pierre blanche cette célébration. Ces « trois glorieuses » journées ont été particulièrement marquées cette année, par une multitude de symboles. Le 13 août, la municipalisation aidant, le premier Congolais, arrivé la veille, a inauguré l'impressionnant aéroport international d'Indanga à Owando dans un tonnerre d'acclamations, mais aussi, et le fait mérite d'être signalé, par un grand nombre de groupes d'animation qui illustraient le Congo tout entier.
Le 14 août, a démarré sous le signe du sport, le désormais traditionnel semi-marathon international de la ville de Brazzaville (SMIB) organisé par la Fédération congolaise d'athlétisme et la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC).
La soirée de ce 14 Août 2007 fût un moment riche en émotions, du fait de deux cérémonies parrainées par l'épouse du chef de l'Etat congolais, Antoinette Sassou Nguesso, qui assista jusqu'aux environs de trois heures du matin, d'abord à la grande soirée de la mode africaine présentée par le Commissariat général du SAMA puis au concours de beauté « Miss Indépendance » de l'association « Lumières d'Afriques » qui mit en compétition les filles du département de la Cuvette. La soirée de la mode a permis aux six cents personnes venues assister à l'évènement dans le féerique site naturel de Mombo Beach de Bonaventure ENGOBO, de découvrir quelques talentueux couturiers du continent africain comme la styliste sénégalaise Djouma Dieng et l'Ivoirien Pathé O.
Quant à l'élection de « Miss Indépendance 2007», elle fut aussi un moment intense qui révéla et mit en valeur seize jeunes demoiselles ambassadrices de beauté des neuf districts du département de la Cuvette. Il fallut cinq passages pour les départager, après que le jury, les spectateurs et l'huissier aient savouré les tenues de ville aux couleurs nationales et celles du sponsor officiel, l'opérateur de téléphonie mobile MTN ; les tenues de plages, les costumes traditionnels de soirée...
Après plus de trois heures d'un spectacle bien animé entre autres par l'orchestre parisien « les C½urs brisés » de Dany Engobo autre fils du pays kouyou, Roga Roga d'Extra-Musica natif du village Okouma qui nous a gratifié d'une parcelle de son nouveau spectacle plutôt surprenant, un étonnant groupe pour la danse Ekongo et le groupe Kingoli Authentique, c'est finalement la jeune Fanny Yoka Opa d'Owando qui a remporté à l'unanimité la couronne de « Miss Indépendance 2007 », suivie de la première dauphine originaire de Mossaka et de la deuxième dauphine originaire d'Oyo. Dans son mot de circonstance, la première dame du Congo n'a pas manqué d'adresser ses éloges à « Lumières d'Afriques » tout en lui donnant rendez-vous pour 2008 à Brazzaville.
Au soir du 15 août, dernière des « trois glorieuses » journées, l'épilogue du 47ème anniversaire de l'indépendance du Congo à Owando pouvait être décrit comme un parcours sans faute. Car, si traditionnellement les défilés militaires et civils sont considérés comme des instruments de dissuasion ou de persuasion face à des voisins tumultueux et tapageurs, le défilé du 15 août cette année à Owando, a reflété la paix à laquelle aspire chaque Congolais à travers sa diversité culturelle. Oui, on peut l'affirmer, ce qui a réuni une fois de plus les Congolais, c'est le fait culturel.
Puisqu'Owando a ouvert grandement ses bras à tous par le biais de sites merveilleux tels le Mombo Beach de Mbémbé ou se passait chaque jour quelque chose de particulier, l'hôtel Daniel's Club, magnifique lieu affublé de deux chapiteaux dont l'un abritait les fresques du maître peintre Hilarion Ndinga et l'autre le fruit des laborieuses recherches du passionné collectionneur d'objets d'art le colonel à la retraite Pierre Obou qui a permis à travers des documents d'époque et une collection d'outils, de découvrir l'autre version décrite plus haut, des origines de la ville d'Owando, hier Fort Rousset.
Maintenant que l'indépendance nationale et la municipalisation accélérée du président Sassou sont passées par là, ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Continuons ! Car, on avait perdu de vue très tôt, les innombrables attraits de la ville d'Owando...
Owando le bourg, est devenue la grande ville moderne : Au Congo Brazzaville, dans cette région longtemps délaissée de la Cuvette, le grand village d'Owando au c½ur de la forêt équatoriale, sous l'impulsion d'un ambitieux programme gouvernemental, se développe désormais à la vitesse grand V. Malgré quelques ombres au tableau, c'est un véritable bol d'air et une sacrée aubaine pour les populations autochtones...
"Owando ya sika" ("Owando nouveau!" en langue locale lingala). Les militants d'un influent homme politique local portent avec fierté des tee-shirts où s'inscrit ce slogan résolument optimiste : Bienvenue à Owando, chef-lieu de la région de la Cuvette congolaise, nichée au c½ur de la forêt équatoriale, à plus de 500 km au nord de Brazzaville, au Congo. Depuis un an, sans bruit ni tapage médiatique, la ville, qui s'appelait Fort Rousset à l'époque coloniale, retrouve une seconde jeunesse en accueillant les festivités du 47ème anniversaire de l'indépendance du pays.
À la faveur d'un ambitieux programme intitulé "Municipalisation accélérée" lancé en 2004 par le gouvernement de la république et qui s'étale sur plusieurs années, la ville(près de 45 000 habitants avant le début des travaux), ressemble désormais à un vaste chantier. Après Pointe-Noire(2004), Impfondo(2005) et Dolisie (2006), Owando(2007) est la quatrième ville du pays à bénéficier de ce coup de jeune, un traitement de faveur diraient certains! En 2008 et 2009, ce sera au tour de Brazzaville (2008) la capitale congolaise à laquelle on annexera Kinkala chef lieu de la région mitoyenne du Pool au sud-est du Congo.
A Owando, le "lifting" est visible à plusieurs endroits : le nouveau pont de la Vouma qui facilite la circulation des personnes, des véhicules et donc des marchandises qu'on avait de plus en plus du mal à évacuer vers la capitale, ou encore le tronçon routier de 45 km entièrement bitumé entre Owando et Obouya sur la Nationale 2 qui relie Brazzaville à la partie septentrionale du pays. L'installation prochaine de trois châteaux d'eau, devrait doubler la capacité d'alimentation en eau potable.
Fortement affectés par la faillite au début des années 90 de la Régie nationale des palmeraies du Congo qui assurait une certaine prospérité à la région dans les années 70-80, les habitants avaient jusqu'ici le sentiment d'avoir été abandonnés par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, ils ne cachent plus leur soulagement. La majorité d'entre eux vit encore modestement de chasse et de pêche, très rarement du maraîchage et de l'élevage. Les attentes sont donc fortes de ce côté-là... "Si le Président avait eu l'idée d'initier ce programme depuis qu'il est au pouvoir (depuis 1979, avec une interruption entre 1992 et 1997), le Congo serait déjà loin. Nos jeunes ne partiraient même plus perdre le temps à Brazzaville, chercher du travail qu'ils ne trouvent d'ailleurs pas" regrette cette femme, habitante locale.
Coup de jeune : Jour et nuit, des entreprises françaises, chinoises et congolaises s'activent sur les chantiers de grands travaux. Les travailleurs (maçons, électriciens, plombiers, etc.) ont été recrutés pour la plupart à Brazzaville, faute de main-d'½uvre qualifiée sur place. À côté de quelques vieux bâtiments administratifs publics réhabilités comme l'Hôpital général du 31 juillet, de nouveaux ouvrages tels l'aéroport, les hôtels, les villas officielles, la résidence présidentielle, l'avenues, les boulevards, etc..., tranchent par leur architecture moderne. Contente de voir les travaux du nouveau marché toucher à leur fin, Hélène, vendeuse de tcham(vin de palme bouilli) plaisante : "J'ai déjà vu l'endroit qu'on nous a réservé. C'est à l'étage et c'est beau. J'ai seulement peur pour nos clients : une fois saouls, beaucoup vont chuter en bas". Des maisons privées poussent un peu partout dans la ville et dans les villages environnants. Elles sont construites par des hauts fonctionnaires originaires de la région.
Un phénomène nouveau qui ne laisse pas indifférent les paysans autochtones qui disent de ces hauts fonctionnaires fils du pays kouyou, je cite : "C'est maintenant seulement que ces gens ont compris qu'il faut aussi construire au village. Avant, ces hommes politiques perdaient leur argent dans l'ambiance à Brazzaville". Unanimes, ils soulignent que c'est la guerre de 1997 qui les a fait dans la débandade qui a suivi, changer d'avis et d'habitudes...
"Quand ils sont venus se réfugier ici, leurs parents les ont fait dormir avec leurs familles dans des cabanes en paille. Cela leur a fait honte. Depuis, ils ont commencé à construire des villas" analyse un séminariste.
Tout le long de la bruyante avenue Marien Ngouabi l'artère principale récemment goudronnée et électrifiée, les commerçants (maliens, mauritaniens, sénégalais, rwandais et quelques rares congolais) ouvrent leurs magasins d'alimentation, de textile et de friperie jusque tard dans la nuit. Les ngandas (bistrots) crachent leur musique à jet continu. Ici, les affaires marchent. " Ce n'est pas comme au marché Total de Bacongo ou à celui de Poto-Poto à Brazzaville où, dès 18 h, vous commencez à fermer les magasins. Ici, même à 21 h, quelqu'un peut venir acheter une paire de chaussures, un pagne ou un vêtement ", explique ce vendeur qui se réjouit qu'il n'y ait pas de banditisme dans cette cité à taille humaine où tout le monde se connaît.
Inflation et pénurie : Force est malheureusement de constater que l'urbanisation accélérée a aussi ses inconvénients dans une cité mal préparée à une évolution voire une transition aussi rapide. On remarque notamment le fait que de nombreux habitants se plaignaient déjà de la flambée des prix des produits de première nécessité à l'approche de la fête nationale. L'arrivée massive des Brazzavillois (après la fête, certains travailleurs resteront encore plusieurs mois pour les travaux de finition sur les différents chantiers) inciterait les commerçants à revoir leurs tarifs à la hausse. Dans les hôtels, le prix des chambres a plus que doublé. Dans les restaurants, ceux des plats ont triplé. Et, dans les bars, les bières locales coûtent désormais presque deux fois plus cher. "Hier, j'ai mangé dans un nouvel hôtel-restaurant, un plat avec deux morceaux de viande de sanglier. Cela m'a coûté 6 000 Fcfa (plus de 9 ¤). Je n'y ai pas cru. Il faut que l'État voit ce problème. Les gens exagèrent", se désole le chauffeur d'une entreprise de construction. Une inflation liée aussi à la pénurie. Au marché, déjà très peu approvisionné en temps normal, de nombreux produits comme l'incontournable et inamovible manioc se font encore plus rares depuis le début du chantier.
L'activité agricole, quasiment nulle dans la Cuvette, peine à satisfaire la demande qui explose. Aux yeux des locaux, les femmes et les hommes d'affaires de la capitale congolaise sont à l'origine de tous leurs maux. "Ils font comme ils ont fait à Impfondo et Dolisie. Ils louent ou construisent des bars et des restaurants. Ils passent ensuite commande aux paysans qui leurs fournissent à des prix normaux du manioc, des viandes et des poissons qu'ils revendent beaucoup plus cher", explique un cadre proche du pouvoir qui voit là le coté négatif de la Municipalisation accélérée. "Il faut, propose un ancien employé de la Régie nationale des palmeraies du Congo, que ce programme soit accompagné d'un plan agricole accéléré. Cela permettrait aux localités sans grande activité agricole comme celles de la région de la Cuvette de ne pas tomber dans l'inflation et la pénurie de produits vivriers".
Un dernier phénomène inquiète les habitants d'Owando. La prostitution qui était un sujet honteux en pays kouyou a pris un développement inquiétant à Owando. Un tabou est tombé ! "Nos filles s'offrent à tous ceux qui viennent travailler ici. Certaines dans l'espoir de partir avec eux à Brazzaville. Nous verrons bientôt naître des bâtards qui gonfleront le nombre d'enfants abandonnés et d'orphelins qui introduiront bientôt ici le banditisme", craint un enseignant d'école primaire, résolument pessimiste. Des problèmes réels et des craintes bien fondées qui remettent en cause la fierté et le soulagement d'une majorité d'habitants, de voir leur ville s'embellir et sortir enfin de son isolement.
OWANDO, capitale de la région de la Cuvette, fête le 47ème
anniversaire de l'indépendance du Congo
La ville d'Owando, chef lieu du département de la Cuvette, située au c½ur de ce département à 550 km de Brazzaville, a abrité le 15 Août 2007, les festivités marquant le 47e anniversaire de l'indépendance du Congo. Les 5000 participants et les 1000 invités de marque à cette grand'messe sont venus des onze départements du pays et de l'étranger.
Historique d'Owando : Cette ville fut fondée par le colonisateur français dans les années 1899 et s'appelait alors Fort Rousset jusqu'en 1975. Chef-lieu de la Likouala Mossaka durant l'ère coloniale, elle borde la rivière « le Kouyou », l'un des principaux affluents du fleuve Congo, qui constitue pour elle une source de ravitaillement en eau et de la navigation fluviale. En effet, c'est à cause du manque d'eau que le colonisateur à découvert Owando, un petit village de onze personnes à l'époque, et y a installé le premier poste administratif. Les versions quant à la création de « Fort-Rousset » diffèrent tellement que, personnellement, je retiendrai celle de l'historien Congolo-Kouyou, le professeur Abraham Constant NDINGA MBO, professeur titulaire des universités, coordonateur de la formation doctorale « Histoire et civilisations africaines » à la faculté des Lettres et des sciences Humaines de l'Université Marien Ngouabi à Brazzaville au Congo qui écrit : « ...le 19 juillet 1903 à 2 heures du matin, Bobichon l'admnistrateur colonial partit de de la factorerie de Linengué à la tête de soixante dix miliciens, pensant surprendre les koyos – entendez kouyous – de Kanguini. Pour montrer néanmoins aux populations sa ferme volonté de ne plus tolérer aucune exaction, Bobichon décida de fonder en plein centre de Kanguini un poste de surveillance qui reçut le nom de Rousset, en souvenir de l'administrateur Alexis Rousset, mort en 1903 au Cap Lopez au Gabon des suites d'une broncho-pneumonie. Son aspect militaitaire lui fit prendre le nom de Fort dès 1904 ». Alors que selon d'autres sources moins scientifiques, le préfixe « fort » était attribué dans ce temps à chaque village qui sortait vainqueur d'une guerre. Par contre, le nom "Rousset" est celui du frère du premier administrateur d'Owando, tué lors d'une guerre civile au sud du Congo. Afin d'honorer la mémoire de son défunt frère, ce dernier nomma Owando "Fort-Rousset" ».
Owando qui, au début, joua le rôle de centre de groupement des populations des villages environnants pour servir de main-d'½uvre aux travaux de construction des bâtiments et des routes à l'arrivée de l'administrateur Tillaut en 1936, compte environ 30 000 habitants avec une population composée des groupes ethniques Kouyou, Mbochi, Makoua, Mbeti et Téké, répartis dans les huit quartiers, Kindodzoho, Yengo, Ikoumou, Oloho, Okouma, Linengué, Kanguini et Akiendza aujourdhui appelé quartier Mozart. Son climat est de type guinéen forestier, caractérisé par une courte saison sèche de deux à trois mois. C'est une zone d'abondance de pluies, dont les précipitations atteignent parfois une moyenne de 1754 mm. La température minimale est de 25° C.
ECONOMIE : Du point de vue économique, nonobstant ses multiples potentialités telle la palmeraie de Linengué située à l'entrée de la ville, qui fournissait l'huile de palme avant d'être fermée, ce district ne présente aucune activité économique de grande envergure. L'activité commerciale quant à elle, est tenue dans son ensemble, à 78% par des étrangers comme dans tout centre urbain congolais. Avec la récente découverte par TOTAL des nappes pétrolières, la ville avec ses nouvelles infrastructures, va devenir dans les prochaines années, un grand centre d'intérêts pour les industriels de par le monde.
LA BOISSON TCHAM-TCHAM appeléé communément le tcham en milieu kouyou, cette boisson est une richesse pour le terroir Kouyou. Aphrodisiaque réputé en milieu kouyou, elle est extraite du palmier raphia appelé Iboughou en langues kouyou et Mbochi. Ses bougeons se consomment comme tout légume, après une courte caléfaction. L'extraction et la vente de cette boisson sont l'activité commerciale principale de la localité. En dépit du fait que les méthodes d'exploitation auxquelles sont confrontés ses producteurs restent archaïques de par les énormes difficultés qui entravent son développement, cette boisson enivrante a longtemps été considérée comme le nectar des chefs notables.
Interdit aux enfants, le tcham est aujourd'hui consommé dans tout le pays et plus de 600 bidons de 25 litres sont transportés chaque jour vers les grandes villes. Son importance se mesure également par sa rareté et la complexité de sa production. Comme la noix de Kola, il joue un rôle dans les rapports sociaux et accompagne les grandes cérémonies, les contrats sociaux, notamment la dot et les mariages. Ce breuvage, qui conserve le respect des valeurs coutumières lors des cérémonies rituelles, permet aux jeunes dés½uvrés de la localité de lutter contre le chômage. Les femmes étaient seules, habilitées pour son transport. Elles le portaient sur le dos, dans de grosses calebasses. De nos jours, son transport s'effectue à vélo.
Au nombre des activités économiques de la ville de la région particulièrement celles de la ville d'Owando, notons également la fabrique du manioc l'aliment principal, et la chasse qui fournit quelques mets locaux telle que la chair du crocodile, appelée ngoki en langues congolaises, et la viande fraîche.
Les atouts de la municipalisation accélérée dans la Cuvette à Owando : Affirmant ainsi les chances de son développement, Owando qui est un grand centre administratif dont les activités se trouvent concentrées autour des services de la préfecture et de quelques directions départementales, évoque aujourd'hui diverses images fascinantes aux yeux du visiteur lambda. Cette ville doit aujourd'hui son développement à la municipalisation accélérée, ce programme de société si cher au chef de l'Etat Denis Sassou Nguesso, qui a favorisé sa reconstruction. Quelques-unes de ses routes ainsi que les infrastructures ont été construites et réhabilitées, notamment la route Obouya-Owando; l'avenue Marien Ngouabi longue de 4 km; le pont sur la rivière Mvouma; le marché central de type moderne. Long de 82 m et large de 43 m, ce marché, premier carrefour commercial des villages environnants, s'articule autour d'un étage occupé par des boutiques de vêtements et les objets de luxe. Le rez-de chaussée est réservé aux échoppes des vendeurs de poissons, viande et autres épices.
L'aéroport international d'Indanga, complètement réaménagé, reliera désormais Owando au monde entier, et aux autres villes du pays. Le boulevard central, long de 550 m et large de 20 m, l'hôtel « Le Kouyou » et les nombreux hôtels de particuliers, sont une preuve de la transformation de la ville dans la modernité. Dans le cadre de la rénovation et de la réalisation des immeubles du district, de nombreux chantiers sont en cours de finition. On note entre autres, la réalisation de l'avenue des Hôpitaux toute parallèle au boulevard central, la caserne militaire de Linengué avec une capacité de logement de 120 militaires, la direction départementale de la gendarmerie, la résidence du préfet, le stade Marien Ngouabi, les route Owando-Ossangou-Manga et Owando-Makoua, et des constructions privées qui se font çà et là.
L'année 2007 aura marqué une avancée significative pour la région de la Cuvette. Ainsi, avec l'exécution de la municipalisation lancée dans ce département, Owando pourra s'enorgueillir de son parc hôtelier qui a une gamme d'hôtels allant de la plus petite catégorie au grand standing touristique, sans oublier d'autres lieux d'accueil qui ne cessent de renforcer la capacité d'accueil de la ville en hébergement.
Le Folklore à Owando : Dans cette localité, le folklore s'exprime par des danses traditionnelles comme Edenda, Odomba, Amè, Lato, Ezito, Okwakassa, Epapanga, Atilet, Dans le... et bien d'autres qui animent les nuits chaudes et endiablées des quartiers populaires. Mais, Ekongo est la danse kouyoue qui reste la plus impressionnante de toutes. Elle demeure de loin l'exhibition la plus fascinante des danses traditionnelles parce que danse de combat. Elle préparait jadis à l'attaque de l'ennemi.
Le tourisme vit aussi à Owando : Du point de vue touristique, la ville dispose d'endroits susceptibles d'attirer le regard du visiteur. Le musée de la Cuvette qui faisait la fierté de la région après celui du Pool, a été malheureusement dévasté lors des événements socio-politiques qui ont secoué le pays. La bibliothèque de l'association Marien Ngouabi du président Roger Ndengué de Lille en France, située dans l'enceinte de la cabane laissée par Marien Ngouabi lui-même entre temps délocalisée ; le musée de collection des statuettes traditionnelles et des ½uvres d'art et d'artisanat qui se situent à la direction départementale de la culture; la mission évangélique de Mbembé, fondée en 1948(la première mission évangélique implantée dans la zone septentrionale); le camp des Matsouanistes (groupement des adeptes messianiques, déportés de la région du Pool et dispersés dans toute la République dans le but d'empêcher l'expansion d'un mouvement à tendance intégriste)etc... Situé derrière celui de la gendarmerie ce camp fut érigé en 1958 ; la cathédrale Saint-Firmin(construite en 1959 et dont la messe inaugurale fut célébrée le 24 décembre 1959).
Parmi ces sites touristiques, on note aussi le pont sur le Kouyou avec son port de pirogues en provenance de Mossaka et des villages environnants qui sert de tremplin entre Owando et l'extrême-nord ; l'hôpital du 31 Juillet 1968(fruit de la coopération sino-congolaise, inauguré le 31 juillet 1975 par le président Marien Ngouabi ) ; l'école normale des instituteurs ; le lycée technique ; et le site touristique Mombo Beach, l'un des joyaux du Congo, qui forme un cadre exceptionnel au bord de la rivière le Kouyou, à 2 km de la ville d'Owando. Dans cette localité, les langues les plus parlées sont le kouyou, le lingala et le français pour l'administration. Le vélo était dans cette localité, le seul moyen de transport avant le 47ème anniversaire de l'indépendance en aout 2007.
Owando 2007 : la fabuleuse fête de l'indépendance
Comme on pouvait s'y attendre, Owando 2007 a tenu toutes ses promesses ! Les cérémonies marquant le 47ème anniversaire de l'indépendance de la République du Congo ont été ici, dignes des plus grands rendez-vous de l'Histoire d'une nation.
Le chef-lieu du département de la Cuvette s'était orné de ses plus belles parures pour accueillir du 13 au 15 août, neuf chefs d'Etat africains et non des moindres, puisque parmi eux se trouvait le président de l'Union Africaine. Owando peut donc se targuer d'avoir marqué d'une pierre blanche cette célébration. Ces « trois glorieuses » journées ont été particulièrement marquées cette année, par une multitude de symboles. Le 13 août, la municipalisation aidant, le premier Congolais, arrivé la veille, a inauguré l'impressionnant aéroport international d'Indanga à Owando dans un tonnerre d'acclamations, mais aussi, et le fait mérite d'être signalé, par un grand nombre de groupes d'animation qui illustraient le Congo tout entier.
Le 14 août, a démarré sous le signe du sport, le désormais traditionnel semi-marathon international de la ville de Brazzaville (SMIB) organisé par la Fédération congolaise d'athlétisme et la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC).
La soirée de ce 14 Août 2007 fût un moment riche en émotions, du fait de deux cérémonies parrainées par l'épouse du chef de l'Etat congolais, Antoinette Sassou Nguesso, qui assista jusqu'aux environs de trois heures du matin, d'abord à la grande soirée de la mode africaine présentée par le Commissariat général du SAMA puis au concours de beauté « Miss Indépendance » de l'association « Lumières d'Afriques » qui mit en compétition les filles du département de la Cuvette. La soirée de la mode a permis aux six cents personnes venues assister à l'évènement dans le féerique site naturel de Mombo Beach de Bonaventure ENGOBO, de découvrir quelques talentueux couturiers du continent africain comme la styliste sénégalaise Djouma Dieng et l'Ivoirien Pathé O.
Quant à l'élection de « Miss Indépendance 2007», elle fut aussi un moment intense qui révéla et mit en valeur seize jeunes demoiselles ambassadrices de beauté des neuf districts du département de la Cuvette. Il fallut cinq passages pour les départager, après que le jury, les spectateurs et l'huissier aient savouré les tenues de ville aux couleurs nationales et celles du sponsor officiel, l'opérateur de téléphonie mobile MTN ; les tenues de plages, les costumes traditionnels de soirée...
Après plus de trois heures d'un spectacle bien animé entre autres par l'orchestre parisien « les C½urs brisés » de Dany Engobo autre fils du pays kouyou, Roga Roga d'Extra-Musica natif du village Okouma qui nous a gratifié d'une parcelle de son nouveau spectacle plutôt surprenant, un étonnant groupe pour la danse Ekongo et le groupe Kingoli Authentique, c'est finalement la jeune Fanny Yoka Opa d'Owando qui a remporté à l'unanimité la couronne de « Miss Indépendance 2007 », suivie de la première dauphine originaire de Mossaka et de la deuxième dauphine originaire d'Oyo. Dans son mot de circonstance, la première dame du Congo n'a pas manqué d'adresser ses éloges à « Lumières d'Afriques » tout en lui donnant rendez-vous pour 2008 à Brazzaville.
Au soir du 15 août, dernière des « trois glorieuses » journées, l'épilogue du 47ème anniversaire de l'indépendance du Congo à Owando pouvait être décrit comme un parcours sans faute. Car, si traditionnellement les défilés militaires et civils sont considérés comme des instruments de dissuasion ou de persuasion face à des voisins tumultueux et tapageurs, le défilé du 15 août cette année à Owando, a reflété la paix à laquelle aspire chaque Congolais à travers sa diversité culturelle. Oui, on peut l'affirmer, ce qui a réuni une fois de plus les Congolais, c'est le fait culturel.
Puisqu'Owando a ouvert grandement ses bras à tous par le biais de sites merveilleux tels le Mombo Beach de Mbémbé ou se passait chaque jour quelque chose de particulier, l'hôtel Daniel's Club, magnifique lieu affublé de deux chapiteaux dont l'un abritait les fresques du maître peintre Hilarion Ndinga et l'autre le fruit des laborieuses recherches du passionné collectionneur d'objets d'art le colonel à la retraite Pierre Obou qui a permis à travers des documents d'époque et une collection d'outils, de découvrir l'autre version décrite plus haut, des origines de la ville d'Owando, hier Fort Rousset.
Maintenant que l'indépendance nationale et la municipalisation accélérée du président Sassou sont passées par là, ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Continuons ! Car, on avait perdu de vue très tôt, les innombrables attraits de la ville d'Owando...
Owando le bourg, est devenue la grande ville moderne : Au Congo Brazzaville, dans cette région longtemps délaissée de la Cuvette, le grand village d'Owando au c½ur de la forêt équatoriale, sous l'impulsion d'un ambitieux programme gouvernemental, se développe désormais à la vitesse grand V. Malgré quelques ombres au tableau, c'est un véritable bol d'air et une sacrée aubaine pour les populations autochtones...
"Owando ya sika" ("Owando nouveau!" en langue locale lingala). Les militants d'un influent homme politique local portent avec fierté des tee-shirts où s'inscrit ce slogan résolument optimiste : Bienvenue à Owando, chef-lieu de la région de la Cuvette congolaise, nichée au c½ur de la forêt équatoriale, à plus de 500 km au nord de Brazzaville, au Congo. Depuis un an, sans bruit ni tapage médiatique, la ville, qui s'appelait Fort Rousset à l'époque coloniale, retrouve une seconde jeunesse en accueillant les festivités du 47ème anniversaire de l'indépendance du pays.
À la faveur d'un ambitieux programme intitulé "Municipalisation accélérée" lancé en 2004 par le gouvernement de la république et qui s'étale sur plusieurs années, la ville(près de 45 000 habitants avant le début des travaux), ressemble désormais à un vaste chantier. Après Pointe-Noire(2004), Impfondo(2005) et Dolisie (2006), Owando(2007) est la quatrième ville du pays à bénéficier de ce coup de jeune, un traitement de faveur diraient certains! En 2008 et 2009, ce sera au tour de Brazzaville (2008) la capitale congolaise à laquelle on annexera Kinkala chef lieu de la région mitoyenne du Pool au sud-est du Congo.
A Owando, le "lifting" est visible à plusieurs endroits : le nouveau pont de la Vouma qui facilite la circulation des personnes, des véhicules et donc des marchandises qu'on avait de plus en plus du mal à évacuer vers la capitale, ou encore le tronçon routier de 45 km entièrement bitumé entre Owando et Obouya sur la Nationale 2 qui relie Brazzaville à la partie septentrionale du pays. L'installation prochaine de trois châteaux d'eau, devrait doubler la capacité d'alimentation en eau potable.
Fortement affectés par la faillite au début des années 90 de la Régie nationale des palmeraies du Congo qui assurait une certaine prospérité à la région dans les années 70-80, les habitants avaient jusqu'ici le sentiment d'avoir été abandonnés par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, ils ne cachent plus leur soulagement. La majorité d'entre eux vit encore modestement de chasse et de pêche, très rarement du maraîchage et de l'élevage. Les attentes sont donc fortes de ce côté-là... "Si le Président avait eu l'idée d'initier ce programme depuis qu'il est au pouvoir (depuis 1979, avec une interruption entre 1992 et 1997), le Congo serait déjà loin. Nos jeunes ne partiraient même plus perdre le temps à Brazzaville, chercher du travail qu'ils ne trouvent d'ailleurs pas" regrette cette femme, habitante locale.
Coup de jeune : Jour et nuit, des entreprises françaises, chinoises et congolaises s'activent sur les chantiers de grands travaux. Les travailleurs (maçons, électriciens, plombiers, etc.) ont été recrutés pour la plupart à Brazzaville, faute de main-d'½uvre qualifiée sur place. À côté de quelques vieux bâtiments administratifs publics réhabilités comme l'Hôpital général du 31 juillet, de nouveaux ouvrages tels l'aéroport, les hôtels, les villas officielles, la résidence présidentielle, l'avenues, les boulevards, etc..., tranchent par leur architecture moderne. Contente de voir les travaux du nouveau marché toucher à leur fin, Hélène, vendeuse de tcham(vin de palme bouilli) plaisante : "J'ai déjà vu l'endroit qu'on nous a réservé. C'est à l'étage et c'est beau. J'ai seulement peur pour nos clients : une fois saouls, beaucoup vont chuter en bas". Des maisons privées poussent un peu partout dans la ville et dans les villages environnants. Elles sont construites par des hauts fonctionnaires originaires de la région.
Un phénomène nouveau qui ne laisse pas indifférent les paysans autochtones qui disent de ces hauts fonctionnaires fils du pays kouyou, je cite : "C'est maintenant seulement que ces gens ont compris qu'il faut aussi construire au village. Avant, ces hommes politiques perdaient leur argent dans l'ambiance à Brazzaville". Unanimes, ils soulignent que c'est la guerre de 1997 qui les a fait dans la débandade qui a suivi, changer d'avis et d'habitudes...
"Quand ils sont venus se réfugier ici, leurs parents les ont fait dormir avec leurs familles dans des cabanes en paille. Cela leur a fait honte. Depuis, ils ont commencé à construire des villas" analyse un séminariste.
Tout le long de la bruyante avenue Marien Ngouabi l'artère principale récemment goudronnée et électrifiée, les commerçants (maliens, mauritaniens, sénégalais, rwandais et quelques rares congolais) ouvrent leurs magasins d'alimentation, de textile et de friperie jusque tard dans la nuit. Les ngandas (bistrots) crachent leur musique à jet continu. Ici, les affaires marchent. " Ce n'est pas comme au marché Total de Bacongo ou à celui de Poto-Poto à Brazzaville où, dès 18 h, vous commencez à fermer les magasins. Ici, même à 21 h, quelqu'un peut venir acheter une paire de chaussures, un pagne ou un vêtement ", explique ce vendeur qui se réjouit qu'il n'y ait pas de banditisme dans cette cité à taille humaine où tout le monde se connaît.
Inflation et pénurie : Force est malheureusement de constater que l'urbanisation accélérée a aussi ses inconvénients dans une cité mal préparée à une évolution voire une transition aussi rapide. On remarque notamment le fait que de nombreux habitants se plaignaient déjà de la flambée des prix des produits de première nécessité à l'approche de la fête nationale. L'arrivée massive des Brazzavillois (après la fête, certains travailleurs resteront encore plusieurs mois pour les travaux de finition sur les différents chantiers) inciterait les commerçants à revoir leurs tarifs à la hausse. Dans les hôtels, le prix des chambres a plus que doublé. Dans les restaurants, ceux des plats ont triplé. Et, dans les bars, les bières locales coûtent désormais presque deux fois plus cher. "Hier, j'ai mangé dans un nouvel hôtel-restaurant, un plat avec deux morceaux de viande de sanglier. Cela m'a coûté 6 000 Fcfa (plus de 9 ¤). Je n'y ai pas cru. Il faut que l'État voit ce problème. Les gens exagèrent", se désole le chauffeur d'une entreprise de construction. Une inflation liée aussi à la pénurie. Au marché, déjà très peu approvisionné en temps normal, de nombreux produits comme l'incontournable et inamovible manioc se font encore plus rares depuis le début du chantier.
L'activité agricole, quasiment nulle dans la Cuvette, peine à satisfaire la demande qui explose. Aux yeux des locaux, les femmes et les hommes d'affaires de la capitale congolaise sont à l'origine de tous leurs maux. "Ils font comme ils ont fait à Impfondo et Dolisie. Ils louent ou construisent des bars et des restaurants. Ils passent ensuite commande aux paysans qui leurs fournissent à des prix normaux du manioc, des viandes et des poissons qu'ils revendent beaucoup plus cher", explique un cadre proche du pouvoir qui voit là le coté négatif de la Municipalisation accélérée. "Il faut, propose un ancien employé de la Régie nationale des palmeraies du Congo, que ce programme soit accompagné d'un plan agricole accéléré. Cela permettrait aux localités sans grande activité agricole comme celles de la région de la Cuvette de ne pas tomber dans l'inflation et la pénurie de produits vivriers".
Un dernier phénomène inquiète les habitants d'Owando. La prostitution qui était un sujet honteux en pays kouyou a pris un développement inquiétant à Owando. Un tabou est tombé ! "Nos filles s'offrent à tous ceux qui viennent travailler ici. Certaines dans l'espoir de partir avec eux à Brazzaville. Nous verrons bientôt naître des bâtards qui gonfleront le nombre d'enfants abandonnés et d'orphelins qui introduiront bientôt ici le banditisme", craint un enseignant d'école primaire, résolument pessimiste. Des problèmes réels et des craintes bien fondées qui remettent en cause la fierté et le soulagement d'une majorité d'habitants, de voir leur ville s'embellir et sortir enfin de son isolement.
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